L’hypnose est intimement liée à la genèse et au développement de l’approche systémique stratégique: de la rencontre entre Gregory Bateson et Milton H. Erickson autour des phénomènes de transe à Bali, à la première conférence Macy sur « l’inhibition cérébrale », aux voyages réguliers de John H. Weakland et Jay Haley à Phoenix sur une période de dix ans, en passant par l’article fondateur « Vers une théorie de la schizophrénie ». Il n’y a pas eu, durant toute cette période, un seul moment crucial où l’hypnose ne soit mentionnée. En outre, on sait que les membres du premier Centre de Thérapie Brève du MRI de Palo Alto, Fisch, Watzlawick et Weakland, avaient tous suivi une formation en hypnose. Autant de raisons pour les praticiens de l’approche systémique stratégique de s’intéresser au sujet.
Mais, plus concrètement, en quoi l’apprentissage du savoir-faire et l’expérience personnelle de l'hypnose peuvent-ils être utiles à celui ou celle qui pratique la thérapie brève ?
Ajustement relationnel
L’hypnose, relation d’attention intense et particulière, peut amener une personne à vivre une nouvelle expérience de sa relation à elle-même, aux autres et au monde (Roustang). L'hypnose permet alors au patient de vivre une expérience qui va bien au-delà de ses modalités relationnelles habituelles, souvent « rigidifiées ». Cette sorte d’ « exercice d’assouplissement relationnel », qui s’appuie sur la puissance des sens et de l’imagination, donne alors accès au patient à un « champ des possibles élargi » et lui permet de retrouver un meilleur accès à ses ressources inconscientes (Erickson).
Communication et influence
L’hypnose peut aussi être considérée comme un art de l'influence (Bernheim) reposant sur un vaste ensemble de techniques, dont la maîtrise permettra au thérapeute de développer ses compétences au niveau de la communication. L’utilisation des métaphores, des images, de la communication non-verbale et para-verbale, des techniques de confusion, les méthodes d’utilisation, de dissociation… sont autant de façons de favoriser un changement au niveau de la perception que le patient a de sa situation problématique et de la réaction qu’il a par rapport à celle-ci.
Percevoir les processus
Erickson considérait que l’apprentissage de l’auto-hypnose était un moyen très efficace pour aider les thérapeutes à développer leurs capacités d’observation. On peut ainsi voir dans l’auto-hypnose un moyen, pour le thérapeute, d’orienter son attention sur le mouvement des processus à l’oeuvre dans la situation problématique amenée par le patient. L’hypnose peut donc permettre un meilleur calibrage stratégique du thérapeute et une meilleure capacité adaptative grâce à la perception de certains signaux minimaux exprimés par le patient.
Expérience d’attention particulière, attention portée à une perception qui change, qui se transforme, l’hypnose est une ressource précieuse pour le thérapeute, tant au niveau de la relation, de la communication que de la stratégie.